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Accueil » Destin de l'objet » Quel destin pour l'objet?

Objets: fonctions et destins

Objets: fonctions et destins Zoom sur Objets: fonctions et destins

Ce sont bien souvent les questionnements pertinents et les interrogations des étudiants qui nous permettent de nous remettre en question et de mettre des mots sur nos pratiques...en voilà un exemple.

Cet article est né à partir d'une interview d'Agathe Roy, étudiante de l'Adere, qui travaillait sur le devenir de l'objet concrétisé en ergothérapie dans le cadre de son mémoire.

Ses questions ont fait travailler mes petites cellules grises, pour expliquer, nommer, différencier, comprendre et mieux appréhender les relations entre nous et nos objets, qu'ils soient internes, externes ou intermédiaires. (voir powerpoint de résumé )





Objets d'amour, objets pulsionnels, objets internes

La première question qui m'a semblé importante, était la définition même du terme d'objet. De quel objet parle t'on? L'étudiante parlait elle, avant tout, des objets réalisés par les patients lors des séances d'ergothérapie, objets artisanaux ou créatifs. Comment ces objets apparemment externes, peuvent-ils devenir des objets-miroirs, des objets fétiches, des objets investis affectivement ou non, des objets trouvés-créés comme les nomme Winnicott? Comment l'objet raconte t-il quelque chose de nous? Comment pouvons nous façonner, agir sur la matière, au delà de nos capacités motrices, perceptivo-sensorielles, cognitives? Quel est donc cet obscur objet du désir?

Le terme d'objet, en psychanalyse est trompeur...car l'objet est en fait un sujet. Il est donc important de repartir de la construction psychique qui se fait à partir d'une relation à un objet d'amour. Cette relation à l'objet d'amour permettra à l'enfant de passer de l'état de semblable (narcissisme primaire) à celui d'un autre différencié (narcissisme secondaire). La relation d'objet chez Freud et chez Winnicott sont donc des bases nécessaires à la compréhension de notre relation à nos objets internes, au sens des objets d'amour. C'est lorsque la personnalité est construite et achevée que nos objets internes (objets d'amour et objets pulsionnels) seront intégrés de façon plus ou moins harmonieuse.

M.Klein développe quant à elle, la notion d'identification projective, un peu complexe à comprendre, mais qui va nous permettre de comprendre comment en projetant des parties de soi-même dans la mère, qui va les renvoyer à l'enfant transformées, nommée, élaborées, pour lui permettre de les intégrer dans son psychisme. Bion y ajoute alors ce qu'il nomme la capacité de rêverie et de contenance de la mère. Il s'agit de la contenance comme capacité de transformation des éléments Bêta (éléments psychiques bruts non élaborés de type destructeurs) en éléments Alpha (éléments psychiques élaborés par la capacité de rêverie et d'imagination). Pour l'enfant, c'est la mère qui va assurer cette désintoxication des éléments Bêtas, en les supportant et en les nommant. C'est Bion qui a principalement théorisé cela, prolongeant les travaux de M.Klein. C'est à partir de ces théories que Bion souligne que le ou la thérapeute doit posséder ce qu'il nomme "la capacité au négatif", c'est à dire tolérer la destructivité verbale, et en ergothérapie elle peut être aussi projetée dans l'objet concrétisé.

Winnicott développe la notion d'objet trouvé-créé. « Pour être créé par l’enfant, il faut que l’objet soit trouvé » l’objet n’est pas juste perçu ou intégré, l’enfant doit avoir l’impression de le créer. La mère doit donc être capable d’offrir la satisfaction quasi immédiate des besoins qui favorise l’illusion d’omnipotence de l’enfant, nécessaire pour accepter plus tard la réalité. Mais la mère doit être capable aussi de proposer des frustrations progressives pour permettre la désillusion et l’intégration de la réalité. Ce temps de découverte et de création de l'objet a pour nom object presenting. Il est donc fondamental que la mère puisse comprendre les besoins de l'enfant et s'y adapter suffisamment pour présenter le bon objet et aussi qu'elle ne désillusionne pas trop tôt l'enfant quant à ses possibilités d'action sur le monde extérieur.

Il est possible de dire, en résumé que du côté de Freud l'objet est pulsionnel (au sens de la libido) et chez Winnicott l'objet est transitionnel (au sens du doudou qui vient représenter la relation à la mère). En ergothérapie, nous n'allons pas nous pencher sur les objets internes, au sens des objets d'amour de la psychanalyse Freudienne, mais nous allons devoir connaitre la notion de objet transitionnel Dans notre pratique, en effet, tout se passe dans un espace intermédiaire, héritier direct de l'espace transitionnel de l'enfant et nous pouvons nous appuyer sur les théories de Winnicott pour comprendre le rapport entre la personne et l'objet intermédiaire, situé entre dedans et dehors.



Dimensions internes, externes et intermédiaires des objets

La notion d'objet interne est donc principalement éclairée par les théories psychanalytiques qui nous expliquent comment nos objets internes naissent dans les relations avec les objets d'amour (mère and CO), des relations faites de plaisir et frustration, de plein et de manque, de présence et d'absence. L'objet d'amour maternel va nommer et présenter les objets extérieurs à l'enfant qui va ainsi distinguer le moi et le non moi, mais aussi intégrer progressivement,une capacité à s'en faire une représentation interne. Nous ne parlerons donc pas d'objet interne en ergothérapie ou en art-thérapie, mais nous nous centrerons plutôt sur les représentations internes, qui se constituent en passant des représentations de choses (images, associations d'idées) aux représentations de mots (pensées, sens).

  • Objet externe et concret : L'objet possède un poids, une texture, une couleur etc...Il s'agit de l'abord le plus concret. Cette dimension de la réalité passe pas nos sens, nos capacités de décodage du monde extérieur, qui même s'il est différent pour chacun de nous, fait appel à des notions neurophysiologiques et neuropsychologiques. La réalité est concrète, palpable et solide. Elle s’inscrit tout d'abord dans le matériau brut avec ses qualités propres, plus ou moins souple ou dur, malléable et transformable. Nos capacités gestuelles et perceptivo-sensorielles vont nous permettre de transformer cette matière concrète en un objet extérieur, tout aussi concret et palpable. Cet objet va permettre à la personne d'éprouver la notion de permanence de l'objet, de continuité, de présence concrète, d'un objet témoin de l'activité.

  • Représentations internes et subjectives : La représentation mentale est ce qui va permettre à l'enfant puis à l'adulte d'entrer dans le champ de la symbolisation. C'est R.Roussillon qui explique très bien comment le passage des processus primaires de la pensée se fait vers les processus dits secondaires, plus élaborés. Les processus primaires, dont le modèle initial est le travail du rêve, sont les processus par lesquels la trace mnésique perceptive initiale, inscrite dans le ressenti corporel, est transformée en représentation de choses. Les processus secondaires sont les processus par lesquels la représentation de choses est transformée en représentation de mots, ou autrement dit, est traduite dans l’appareil à langage verbal. Pour pouvoir se constituer des objets internes, il faut donc que la personne ait pu avoir accès à la fonction de symbolisation pour que les objets internes, au sens de la représentation mentale, puissent se constituer. (voir powerpoint)

  • Objet intermédiaire : L'objet, dans sa dimension intermédiaire, écho de l'objet transitionnel de Winnicott, va proposer de réaliser un lien entre les représentations internes et les objets externes. Tout comme l'espace transitionnel sépare ET relie l'espace psychique interne et l'espace externe, l'objet crée du lien entre DD et DH. L'objet, dans sa dimension intermédiaire, va proposer plusieurs types d'expériences possibles:
  • Objet doudou : chez l'enfant, cet objet va venir représenter la mère et permettre à l'enfant non seulement de supporter son absence, mais de se distinguer d'elle progressivement. Cet objet permettra la distinction du moi et du non-moi.
  • Objet fétiche : L'objet transitionnel de l'enfant qui le rassure, peut trouver un prolongement chez l'adulte. Il est ainsi possible, pour se rassurer, d'avoir un objet porte-bonheur, un objet qui soit investi d'une sorte de pouvoir presque magique, renouant avec les fétiches au sens culturel. Cet objet peut avoir une valeur sacrée, religieuse ou spirituelle. Ce type d'objet entre dans le domaine de la croyance.
  • Objet symbolique : L'objet peut devenir symbolique, au sens où il est reconnu comme porteur d'un sens. Ce sens peut venir de l'extérieur, par une décision commune, (type dictionnaire des symboles) mais cette dimension universelle est controversée., car qui décide du sens du symbole? L'objet sera porteur d'un sens symbolique pertinent, si ce sens est projeté par la personne elle-même. Dans ce cas, le sens est personnel et en lien avec l'histoire de la personne singulière.


Fonctions et destins


Un facteur va influencer le destin de l'objet, c'est celui de la fonction que cet objet a d'une part pour la personne qui le crée et d'autre part pour le/la thérapeute qui permet la création de cet objet. Globalement, la principale fonction de l'objet va être de permettre à une personne de se sentir exister à travers l'objet qu'il ou elle a construit. Le sentiment d'existence est ainsi conforté par cette action sur la matière. Pour mieux comprendre comment ce "faire" peut permettre de renouer avec un sentiment "d'être", il faut aller voir du côté des processus thérapeutiques et du lien entre être et faire L'objet vient certes témoigner des capacités motrices et cognitives de la personne, mais aussi de ses intentions, de ses désirs conscients et inconscients. Il suffit parfois, d'interroger la personne pour mieux comprendre ce qu'elle cherche à vivre et à ressentir dans son activité, ce qu'elle projette ou attend de cet objet qu'elle a pu façonner.

La question se pose aussi du destin/devenir des objets concrets externalisés. Une fois que les patients ont réalisé un objet artisanal ou créatif, quel sera son destin, son devenir, non seulement durant les séances mais aussi après? Quelques types de destin des objets sont proposés ci-dessous, mais il en existe bien d'autres, car c'est le rapport de la personne à l'objet qui demeure le plus fondamental et il restera toujours singulier et original.


Objets vécus comme externes, peu identifiés comme ancrés dans l'espace psychique

  • Un objet utilitaire : Les objets artisanaux réalisés dans des ateliers d'ergothérapie peuvent être réalisés dans une intention pratique et utilitaire. Ces objets sont alors réalisés avec soin et avec le désir qu'ils soient réussis, voir même esthétiques. L'objet vient s'inscrire alors comme un témoignage des capacités techniques de la personne. L'objet témoigne alors souvent d'un désir de la personne d'être dans une action qui aboutisse à quelque chose de concret, sans trop se poser de questions ou s'interroger sur soi-même. Cette vision de l'objet peut mettre en lumière des difficultés d'introspection, une pensée opératoire, un désir de contrôle ou encore d'autres choses...Ce type d'objet permet souvent à la personne, de se confronter au principe de réalité.
  • Un objet (dé)laissé: Il y a aussi l'objet inachevé ou abandonné dans l'atelier, mais là, la parole du patient ne peut plus s'inscrire. Ce sera à l'ergothérapeute alors, de résoudre la question du devenir de l'objet. Ce devenir dépendra alors de la capacité de l'ergothérapeute à supporter l’inachèvement ou l'abandon, mais aussi cela dépendra de la capacité d'accueil de la salle ou de la tolérance de l'institution à la conservation des objets.
  • Un objet cadeau : Les objets peuvent aussi devenir des cadeaux réparateurs pour certaines personnes.De nombreux parents, enfants ou conjoints, en difficultés relationnelles, vont chercher à réparer leurs relations mises à mal par des cadeaux. Certains patients et patientes peuvent même exprimer très clairement leur sentiment de culpabilité vis à vis de telle ou telle personne de son entourage. Et leur désir de bien faire. Il est important, dans ce cas, d'aider la personne à entrer dans la conscience de cette intention et de pouvoir en parler. Parfois le cadeau concerne l'ergothérapeute. Il est alors important de s'interroger sur ce que le patient ou la patiente nous dépose, nous confie. Nous ne serons jamais certains de la réponse, mais se poser la question nous permet de rester dans l'écoute du sens de ce désir de réparation. (voir position dépressive chez M.Klein)
  • Un objet à réparer: Des personnes peuvent amener en atelier des objets à réparer. Au-delà des préoccupations écologiques, solidaires ou économiques, une réparation d'objet a toujours un sens personnel à entendre. S'agit-il de se réparer soi-même? De réparer une relation à la personne qui a offert l'objet? Une petite histoire d'un collier cassé peut donner quelques éclairages sur ce qui peut se jouer dans une apparente "simple" réparation.
  • Un objet de récupération : La récupération va proposer différents axes. S'il s'agit de récupération d'objets de type recyclage, il est important de réfléchir au sens que cela propose à la personne. Récupérer des "déchets", par exemple de type papier pour faire du papier recyclé, vient certes s’inscrire comme une démarche écologique et valorisée, mais ne nous dispense pas de nous poser la question du sens ressenti du patient. Recycler les déchets des autres n'est pas anodin, même dans une sublimation artistique... La customisation d'objets personnels peut également entrer dans cette catégorie et nous sommes alors plus proches, dans ce cas, de la notion de réparation. Enfin, la récupération peut avoir lieu dans la nature. Qui n'a pas ramassé, dans "une bonne mère nature" un caillou, une branche ou un coquillage? Dans ce cas, c'est le rapport à cette bonne mère nature qui peut venir titiller notre gout du sens symbolique. 
  • Un objet ludique: l'utilisation des jeux comme objet de thérapie permet de ne pas avoir à laisser de traces, d'empreintes, de témoignages concrets de nos capacités artisanales ou créatives. Pour certains patients, ces objets sont plus rassurants et permettent de créer des liens relationnels d'une façon moins inquiétante et, en apparence, moins projective ou implicante. Cette illusion permet parfois, de commencer une thérapie, de proposer des temps d'expression en groupe plus "légers" que des groupes de thérapie créative.


Objets vécus comme des témoignages de soi, sources et témoignages d’une expérience intériorisée

  • Un objet co-créé : Lors de l'enseignement, il est classique de dire que c'est le patient qui doit pouvoir agir sur la matière et créer par lui-même. En ce qui concerne en particulier les personnes psychotiques pour qui l'objet n'est pas toujours bien distingué d’eux-mêmes, il semble donc logique d'éviter de toucher à l'objet du patient. Ce positionnement permet d'éviter des difficultés aux étudiants et d'avoir une référence sécure. Mais, dans la réalité, nous avons souvent des demandes d'aide de la part des personnes en soins et il est alors possible d'entrer en interaction de cette façon. Un travail à 4 mains peut alors se faire, et la relation qui s'instaure nécessite alors d'être analysée, si elle va au-delà d'un apparent simple coup de main technique. (voir squiggle en individuel). Ces objets co-créés peuvent parfois devenir des objets de thérapie. (voir mémory des émotions et "autour de la tristesse")
  • Un objet groupal : Un objet créé en groupe va permettre la projections d'éléments psychiques personnels qui vont être gérés et transformés par le groupe. Ce type de création groupale nécessite d'avoir un minimum acquis une distinction avec l'autre, permettant de tolérer la frustration, le sentiment de confusion ou d'intrusion potentielle que peuvent générer ce type d'exercice. (voir squiggle groupal)
  • Un objet déchet : Du côté de ce type d'objets, plusieurs choses sont à décliner. Il y a déjà l'objet vécu comme raté et dont il faudrait se débarrasser. Il y a l’objet considéré comme porteurs d'éléments de soi-même vécus comme négatifs. Ce type de réaction face à l'objet nécessite une mise en parole car sinon l'illusion de pouvoir se débarrasser de parties de soi-mêmes qui dérangent risque de demeurer. Et cette illusion, qui frise parfois l'exorcisme, ne favorise pas l'intégration de toutes les facettes de soi-même. Les personnes états-limites, avec leur idéal du moi très présent, peuvent entrer dans un tel rapport avec l'objet concret. La destruction d'un objet pose la question de la pulsion de destruction, enracinée dans la pulsion de mort. La capacité à supporter la destructivité du ou de la thérapeute est sollicitée et, on l'a vu avec Bion, le fait de mettre des mots sur cet acte potentiel ne vise pas à l’empêcher, mais à lui permettre de prendre sens dans le psychisme de la personne. C'est la seule voie qui permet de ne pas rester dans le passage à l'acte destructeur, non seulement envers l'objet, mais surtout envers soi-même.
  • Un objet idéalisé : L'objet idéalisé, qu'il soit créatif ou artisanal, sera marqué par le désir de l'esthétique. Il s'agira, dans ce cas, de se placer dans l'ordre du regard de l'autre avec un désir de reconnaissance. Les patients névrosés, narcissiques ou état-limites pourront avoir à faire avec ce type d'objet. L'objet est chargé, dans ce cas, de présenter les bons aspects de la personne. Ce type d'objet peut avoir à faire avec la sublimation (mécanisme de défense) et trouvera aisément sa place dans des expositions dont il faudra, bien sûr, interroger le sens et l'impact psychique pour les personnes. "L'art des fous" a longtemps fasciné et fascine encore dans des musées d'art souvent dits bruts...
  • Un objet symbolique ou miroir : Les objets miroirs sont plutôt issus des ateliers créatifs, d'expression, qu'ils soient non directifs ou proposés avec des consignes/propositions. Ces objets miroirs sont souvent bien identifiés par les patients. Ils nécessitent un cadre favorisant contenance, confidentialité et protection. L'objet prend sens, devient une métaphore concrète de la possibilité de (se)transformer soi-même, par une action sur la matière concrète et extérieure. Un tel objet nécessite une parole pour lui donner du sens (et pas UN seul sens de type interprétation/vérité). Ce type d'objet peut devenir le support d'une meilleure conscience et expression de soi, voir même d'introspection concrète. (voir POS)
  • Un objet de savoir : Une dernière utilisation des objets produits par les patients est celle que nous pouvons en faire dans le cadre de l'enseignement, de la formation. Nous "emparer" des productions des patients nécessite déjà d'une part, d'obtenir leur autorisation de pouvoir utiliser leurs dessins, peintures ou écrits, dans le cadre d'une transmission, car il faut se souvenir que l'objet appartient à la personne. Et d'autre part, il convient toujours de s’interroger sur l’intérêt que cela peut avoir, ou non, pour la personne. Être un sujet d’intérêt peut sembler valorisant mais peut parfois être ressenti comme une curiosité parfois malsaine pour des images porteuses d'une inquiétante et fascinante étrangeté. Interroger notre désir de montrer l’œuvre d'une personne, que cela soit en réunion de synthèse ou même lors d'enseignement, reste important et salutaire...





Les écrits de cet article sont la propriété intellectuelle de Muriel Launois et n'engagent qu'elle.
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