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Energie et libido

Dans un corps sensible, incarné, raisonnablement différencié entre dedans et dehors de soi, individué, vont se vivre des mises en mouvement intérieures: pulsions selon Freud, énergie dans un sens plus global et ésotérique selon les chinois, l'une ne recouvrant pas l'autre. L'un de ces mouvements intérieurs retrouvés dans l'atelier de détente corporelle est la présence de la libido et son investissement dans le moi proposé par la relaxation.

Freud a étayé tout son travail sur la notion de libido, mais nous pouvons aussi nous appuyer sur D.Anzieux et certaines fonctions du moi-peau pour éclairer aussi cette notion de libido dans l’atelier. Les fonctions qui s'articulent autour des dimensions sensuelles et sexuelles sont celle de pare-excitation, de soutien de l'excitation sexuelle et de recharge libidinale du fonctionnement psychique.


L'énergie chinoise
L'atelier est basé principalement, sur une technique d'origine asiatique, utilisée de façon simplifiée mais respectée dans son esprit et son rituel de massage. Cette référence présente des avantages et des inconvénients, importants à reconnaître. L'un des avantages de cette forme de pensée est de proposer une représentation imaginaire de l’énergie. Celle-ci est décrite comme un fluide dont il serait possible de modifier la circulation. Au-delà de la véracité ou non, de cette image, le fait de penser le corps non pas d'une façon anatomique, clinique, pathologique ou même psychologique, mais de façon imaginaire, permet à la personne de retrouver des capacité de rêverie, d'écoute de soi, de relier des images et des sensations corporelles. Un lien entre les deux peut alors se faire et la fonction symbolique peut se remettre à jouer. La pensée asiatique, et surtout chinoise, est essentiellement imagée et poétique. Elle nous ouvre la porte à des perspectives métaphoriques et symboliques du corps. Encore faut-il rester vigilant à ne pas utiliser un catalogue de type clef des songes, avec des significations corporelles symboliques toutes prêtes à l’avance et devenant des placages pseudo symboliques, du ou de la thérapeute. (voir Do In).

L'un des inconvénients de ce type de pratique est qu'il peut devenir le véhicule de fantasmes de toute-puissance. En effet, pour les chinois, le fantasme sous tendu est de maîtriser et de contrôler l’énergie corporelle. Ainsi une douleur exprime un trop d'énergie et est représentée par l'idée d'un barrage qu'il faudrait faire céder progressivement en creusant, avec les doigts, comme un puits dans du sable humide. C'est toute la technique en elle-même qui devient un processus métaphorique qui vise à déclencher telle action ou réaction. Il ne s'agit pas d'aider la personne à déployer son propre imaginaire et à comprendre les liens établis entre corps et esprit. Il s'agit de faire circuler l'énergie bloquée, en excès ou en creux.

Ce concept d’action de l’esprit sur le corps, est largement repris par des techniques corporelles utilisant des visualisations et des inductions, telle la sophrologie. Cette orientation peut nous poser problème dans le cadre d'une psychothérapie institutionnelle et il convient d'en tenir compte. Dans un cadre de psychothérapie médiatisée, il s'agit bien de faire émerger les images inconscientes enracinées dans le corps et non pas de les organiser dans une matrice préfabriquée à l’avance, même si celle-ci peut se révéler paradoxalement juste à travers le vécu décrit ensuite par les patients. C’est dans l’histoire intime de chaque personne que la notion même d’énergie, fluide ou bloquée, circulant ou se fixant, peut prendre sens ou non.

Une autre dimension des auto-massages se révèle intéressante, c’est le passage de la pensée à la sensation. L’ensemble des auto-massages proposés est donc efficace en soi mais aussi prétexte à un voyage dans les sensations proprioceptives, extéroceptives et intéroceptives. L’écoute de soi au niveau du corps sensoriel est maximale et permet un processus de régression vers des dimensions de soi plus archaïques, anciennes, portant les traces de l’histoire de la personne, le plus souvent en deçà du langage et de la conscience. Ce mouvement régressif, est le mouvement également impliqué dans les techniques de relaxation classique.

Mais il ne s’agit pas d’en rester là et un mouvement progrédient doit faire suite à ce travail : revenir de la sensation à la pensée, qu’elle soit mise en images ou mise en mots. C’est dans ce temps de ré-élaboration psychique que des références théoriques psychanalytiques sont nécessaires pour comprendre l’impact de la thérapie corporelle. La conceptualisation de D.Anzieux permet de comprendre comment une image peut naître dans le corps, s'inscrire dans le corps et en particulier dans l'interface qu'est la peau, en fonction de l'histoire de la personne. Il convient de garder en mémoire qu'il s'agit d'un angle de vue possible et que d'autres théories, telles la libido de Freud, l'écorce et le noyau d'Abraham et Torok, pourraient offrir des voies de développement différentes. Les concepts théoriques de D. Anzieu permettent donc de comprendre l’articulation entre perception corporelle et imaginaire.


Investissement dans le moi
Pour la psychanalyse, en général, le corps tout entier est chargé de libido, narcissiquement investi.
Dans l’atelier proposé, le retour sur soi , les auto-massages, permettent le vécu des pulsions liées à l'Eros, la force de vie. Il s’agit de plaisir, de toucher, de sensualité, de lâcher prise. Cette dimension de la libido, retrouvée, réactivée est la base de l'envie de vivre qui va pouvoir ainsi se reconstruire. Cette dimension pulsionnelle peut alors être vécue pleinement, autorisée, dans les limites du cadre et de la loi, et notamment de l'interdit du toucher dans sa dimension potentiellement incestuelle.

Les expériences proposées dans cet atelier, vont permettre l'expérimentation pratique, le vécu ou le revécu de dimensions corporelles, concrètes, archaïques, sensorielles et primaires au sens des sensations les plus anciennes. Ces expériences vécues s'adressent à la dimension pulsionnelle de la personne. Plus les expérimentations sont proches du corps et de la sensorialité, plus l'expression des pulsions sera possible. Plus la technique proposera des modèles, du contrôle, plus éloigné sera l'aspect pulsionnel. Il est clair que dans cet atelier, ce sont les pulsions de vie qui sont sollicitées, en tout cas, dans l’intentionnalité. Les pulsions d’agressivité, de destruction, ne sont pas directement sollicitées. Toutefois, la pulsion de mort est souvent ressentie par les personnes, en lien avec la posture horizontale, et le non faire, qui favorisent l’émergence de l’angoisse. Cette angoisse, énergie non liée, peut s’inscrire alors dans des images mortifères, des angoisses de vide, voir de vidage, de dilution voir de disparition.

La première étape sur le chemin de la symbolisation est celle de l'émergence possible de la dimension pulsionnelle, versant corporel, et de sa pré-inscription dans l'ordre du langage, versant psychique. Cette élaboration des pulsions est un processus fondamental dans le cadre des personnalités état-limites. La dimension pulsionnelle nécessite aussi d'aboutir à une mise en mots pour permettre une élaboration des pulsions, au sens d'une transformation et d'une mise en conscience. (Voir élaboration des pulsions ).



Fonction de pare-excitation
D.Anzieu a mis en évidence dans sa théorie du moi-peau que c'est la mère qui doit assurer le rôle de pare-excitation auxiliaire. C'est à dire savoir protéger l'enfant contre les agressions physiques et les excès de stimulations. Puis ensuite, la peau de l'enfant pourra assumer cette fonction quand l'étayage personnel sera suffisant. Nous avons également souligné que le dispositif tendait à soutenir cette fonction de pare-excitation, en ne débordant pas les capacités d'intégration des personnes. Mais la fonction de pare-excitation, en ce qui concerne la libido prend également un autre visage.

Dans le cadre institutionnel où se trouve l'atelier de détente corporelle, la recherche d'une dimension psychothérapeutique conduit à intégrer la notion d'interdit du toucher, qui est l'un des interdits fondateurs de la psychanalyse, nommé aussi la règle d'abstinence. Dans le dispositif psychanalytique il est relié essentiellement, à la notion de la libido et ceci pour ne pas induire des fantasmes de passage à l'acte de type incestueux, en lien avec la personne de la thérapeute, référence parentale. Même si ce dispositif psychanalytique n'est pas celui appliqué dans l'atelier, il peut nous permettre de penser à notre propre attitude.

Comme dans toute thérapie, on voit poindre là le bout du nez du transfert potentiel et des attentes fantasmatiques des patients, il est donc important dans de telles thérapies d'être en supervision et d'interroger fréquemment ce que notre propre attitude peut déclencher, soulever, induire et notre ressenti vis à vis des attentes des patients.
Des demandes de massages émergent souvent, massages individuels, et gagnent à être refusés et réintégrés dans cette notion d'interdit du toucher, d'autant plus aisés à formuler que la thérapeute est ergothérapeute.....mais ce n'est pas la seule raison d'un tel choix. Un regard peut se révéler tout aussi efficace et moins dans la proximité corporelle, pour soutenir une personne, lui indiquer l'écoute et l'empathie. Il faut se souvenir que le corps à corps peut toujours être une source potentielle de risques de passages à l'acte pulsionnels (en cas de psychose) ou de fantasmes de type incestueux (en cas de névrose).

Il n'en demeure pas moins que, parfois, un simple contact de la main au niveau du dos d'une personne peut contribuer à redonner un appui lors d'une plongée dans la souffrance, la tristesse, l'angoisse. Les patients psychotiques ou mélancoliques sont les plus susceptibles de nécessiter un tel accompagnement. Il convient alors, de savoir utiliser un tel contact avec respect, bonne distance et sans le prolonger de façon excessive. Une supervision est alors importante, pour permettre de démêler ce qui de l'inquiétude du patient ou de celle du thérapeute a pu déclencher ce geste. Il est toujours fondamental, quelle que soit la détresse du patient, de se demander, en priorité, ce que cette personne peut faire pour elle-même.

Pour des personnes ayant subit des traumatismes d'origine sexuelle le toucher ne sera pas anodin et risque d’éveiller des souvenirs liés à des traces corporelles négatives. Selon l'histoire de chaque personne, ce toucher personnel, progressif et à visée de bien-être sera possible, réparateur ou étape encore impossible. Cette notion de passage à l'acte, qu'il soit de type incestueux ou non, nous conduit à appliquer encore plus strictement la notion d'interdit du toucher envers ces personnes.

En ce qui concerne les adultes, certains patients ne peuvent contenir en eux l'énergie psychique et physique, et c'est comme s'ils explosaient littéralement, sans avoir de peau qui puisse contenir l'excès d'excitation quel qu'il soit. Cette excitation peut avoir de multiples origines, externes et internes: angoisse d'autrui, paroles trop forte, excitation joyeuse d'un groupe, discussion animée, émission de télévision, agressivité d'une autre personne ou venue du dedans du sujet, etc....L'atelier est clôt, le téléphone débranché, les "agressions" sonores extérieures limitées autant que possible, la voix est douce, la musique également. Les stimulations sensorielles proposées lors des automassages sont canalisées, limitées, nommées et ne doivent jamais déborder les capacités du sujet à les intégrer. Vu sous cet angle, le dispositif proposé soutient cette fonction de pare-excitation.

Il est donc important aussi ,de développer différents types de toucher afin de ne pas demeurer exclusivement dans la caresse à la surface de la peau, susceptible de déborder les capacités de pare-excitation de l'enveloppe de la personne. Lors de l'explication des automassages, plusieurs voies sont proposées. Il est indiqué qu'il est possible de rester en surface, au niveau de la peau en "effleurant, balayant, caressant, enveloppant" ou qu'il est possible d'approfondir le massage en "malaxant, pétrissant, creusant". Le choix de ces termes permet à la personne de travailler et d'entendre le niveau où elle peut se situer.

L'une des techniques proposée par les chinois consiste à creuser dans un point douloureux, en restant sous le seuil de la douleur. L'image amenée est: "Creuser avec un doigt comme si l'on creusait un petit puits dans du sable humide". Cette man½uvre, selon eux, permet de disperser l'énergie en trop, ce qui explique cette douleur, sensation de stagnation, d'épaisseur musculaire, ou d'une sensation de "grain de riz" qui roule sous les doigts.....La richesse des images proposées nous conduit, au-delà du clin d’½il du grain de riz, à entendre cette idée d'un trop qui serait à disperser, à remettre en mouvement et non pas d'un mauvais à retirer. Cette métaphore offre une piste intéressante à explorer pour le patient: "Il y a du trop, que puis-je moi, y faire?"


Fonction de soutien de l'excitation sexuelle

La peau du bébé fait l'objet d'un investissement libidinal de la mère. Le moi-peau reçoit cette énergie et devient une enveloppe d'excitation sexuelle globale . Dans le cas d'un développement normal, sur cette surface globale réceptive, vont se distinguer des zones clefs, les zones érogènes qui seront localisées. La différence des sexes peut alors être reconnue et leur complémentarité expérimentée et souhaitée. Cet investissement libidinal, évoqué par D.Anzieux peut être mis en relation avec ce que Winnicott nomme le handling, c'est à dire la façon dont la mère manipule l'enfant au sens du contact physique. Ainsi, en fonction de l'état psychique de la mère et selon sa façon de toucher, caresser, envelopper, divers messages inconscients sont signifiés à l'enfant.

Pour certaines personnes il est donc difficile de se caresser, de s'envelopper, de se faire du bien. Pour d'autres ce toucher, cette façon de se prendre en main, sont des découvertes agréables et une façon de renouer avec un "être touché" qui leur a manqué ou qui leur manque peut-être encore. En effet, la caresse n'est pas sans lien avec la façon dont chaque personne a été touchée, enveloppée, respectée ou non, rassurée ou on, par l'entourage maternant, c'est à dire la mère mais aussi d'autres personnes.

La notion du contact corporel, l'utilisation de la main, véritable "organe du toucher", nous amènent à la notion de sensualité. Certains patients perçoivent clairement la dimension sensuelle du toucher et apprécient ou non ce plaisir personnel. Il peut être assimilé à de la masturbation, mot qui n'est jamais prononcé directement par les patients, mais qui peut être entendu, par exemple, dans des réactions du type "Je n'aime pas me toucher, je n'aime pas toucher mon corps, c'est gênant de se toucher, etc....." Bien sûr d'autres origines peuvent expliquer le dégoût du toucher: traumatiques, culpabilité, haine de soi, etc....

Lors des auto-massages, les zones génitales sont " habilement " contournées. Elles sont nommées lors de la relaxation, pour ne pas rester zones de non-dit, de silence. L’extension de la dimension du massage à tout le corps limite la gêne éprouvée par certaines personnes à l’idée de "se toucher" et les objets de massage peuvent aussi y contribuer. D’autres évoquent cela à mots couverts, soulignant qu’il doit être bien plus efficace de se masser sans vêtements....La libido n'est jamais très loin mais ce qui est travaillé dans un tel atelier est une libido globale, étendue au plaColorisir du contact, ce qui nous amène à la fonction de recharge du psychisme.


Fonction de recharge libidinale du fonctionnement psychique

Selon D.Anzieu, le moi-peau assure la répartition de l'énergie dans les différents systèmes psychiques et le maintien de la tension énergétique interne. Les angoisses produites en cas de raté sont de type peur d'explosion psychique en cas de surcharge (type épilepsie) ou l'angoisse du nirvana, accomplissement du désir et tension zéro. La dimension sensorielle, sensuelle, de l'atelier de relaxation participe à la réanimation de la libido du sujet et surtout à l’investissement de cette libido dans le moi, au sens global, exprimés par des mots clefs tels que plaisir, lâcher prise, sentiment de détente.

Ainsi, Les personnes dépressives trouvent dans la relaxation et les auto-massages des expériences de bien-être, l’autorisation implicite de s’occuper d’eux-mêmes et surtout de s’écouter. Les sentiments découverts, dans un premier temps, dans leur espace personnel intérieur, sont liés à la tristesse, au vide intérieur, au dégoût de soi ou à la culpabilité. Progressivement peuvent émerger des discours centrés sur la détente, le plaisir, le bien-être. C’est le passage progressif d’un sentiment de fatigue, de manque d’énergie et de désir, à une réanimation possible de la pulsion de vie. C'est une possible vision de soi dans une situation agréable, une valeur et un respect, accordés à son corps, des retrouvailles narcissiques avec soi-même. Cette étape est atteinte par la plupart des patients, parfois même dès la première séance. Elle favorise le sentiment d’être capable de, même si la notion de réussite n’est pas l’intention principale de cet atelier. Ces retrouvailles narcissiques favorisent le retour sur soi d'une partie de la libido et permettent de vivre une dimension d'amour envers soi-même, dans un narcissisme nécessaire et positif.

Il arrive donc que des personnes psychotiques soient sensibles à cette dimension de retour sur soi de la libido, auquel cas elles risquent non seulement d'en parler sans retenue aucune mais de libérer des énergies sexuelles avec des risques de passage à l'acte (hors des séances!!). Il conviendra alors d'utiliser plutôt des techniques de mouvements doux ou d'étirements. En effet, la libération de l'énergie n'est pas toujours à provoquer si la personne n'est pas à même de la canaliser, la vivre en tant qu'attention envers soi-même. Cette énergie libérée peut aller nourrir des processus délirants au lieu de devenir une possibilité de s'occuper mieux de soi-même.

Le sentiment de détente globale est le premier a être vécu, rapidement, par la plupart des patients, toutes pathologies confondues. Avant même d'essayer de comprendre comment les différents processus thérapeutiques se mettent en place et agissent, ce sentiment de détente globale est efficace. Touchant plus souvent le corps que l'esprit, il permet à la personne de : "se poser, se déposer, se relâcher, se laisser-aller, s'abandonner", selon les termes même des patients.

La relaxation est source de plaisir et de soulagement, retrouvés après souvent bien des jours de tensions psychiques et physiques. Ce soulagement de pouvoir ressentir à nouveau un moment de bien-être est évoqué la plupart du temps, dès la première séance . Il est garant du désir de poursuivre cette technique. Le besoin de ce bien-être retrouvé se fait alors sentir, permettant au sujet de s'engager dans une attente prospective et positive du lendemain. Ce qui semble fondamental dans cet atelier, c'est l'autorisation de se laisser aller, de se donner du temps (et pas uniquement d'en prendre), de ne rien faire, d'exister simplement en étant là sans être utile ou dans la nécessité de faire, de réussir. Bien des patients ont perdu cette capacité de rêverie flottante et sont agrippés à des pensées obsédantes et négatives. Il ne s'agit pas de les remplacer par une imagerie positive et illusoire, mais de retrouver le droit à paresser agréablement.

Le choix des mots est alors important:" invitation à" et non pas "devoir", expériences et non pas exercices, lâcher prise sans intention de réussite, s'écouter alors qu'il est plutôt fréquent d'entendre dans le discours qu'il ne faut pas trop s'écouter, se laisser porter par le sol ou par la musique, souligner qu'il n'y a rien à réussir, etc.... Les termes employés le plus souvent, pour souligner une difficulté à se laisser aller, à se détendre, sont ceux d’une non réussite, d’un échec. Le fait d’employer des méthodes d’auto-massages simples est donc importante. Les massages peuvent être considérés comme une organisation de gestes que chacun peut retrouver à l’occasion d’une douleur à la nuque en la pétrissant ou d’une mauvaise digestion en se massant le ventre. Des techniques plus sophistiquées, complexes ou plus longues à apprendre n’inclinent pas à penser qu’il s’agit juste de retrouver un instinct perdu. La facilité, même si elle est aussi une illusion car l’intégration du processus de détente n’est pas toujours si aisé et rapide que cela, aide le sujet à se penser capable de.

Il est important, aussi, de ne pas bercer le patient d'une illusion de bien-être à tout prix, car parfois, le lâcher prise ne conduit pas forcément immédiatement à des sentiments de bien-être. Au contraire, c'est le plus souvent l'émergence d'un sentiment de tristesse ou de vide, d'angoisse d'inutilité voir de mort, de néantisation, de perte de contrôle de soi qui peuvent apparaître au premier abord. Les personnes en relaxation, vont progressivement se mettre à l'écoute de leur être vrai et non pas de l'écorce qui est donnée à voir à autrui. Et au dedans de soi, il y a parfois des surprises désagréables de prime abord.....La relaxation, ca relaxe, mais pas tout de suite, pas systématiquement, pas toujours.

L'alternance de moments actifs et de moments passifs, au sens d'une écoute des sensations et de ce qui a pu se modifier dans les massages, sont les moments clefs d'expérimentation du lâcher. Il est clairement signifié que l'action et la non action sont toutes aussi valables et nécessaires l'une que l'autre. Le non faire est valorisé, utilisé, respecté. Ainsi le message envoyé par la thérapeute, dans cet atelier, est que l'action ne suffit pas. La volonté, le conscient, la décision de se détendre sont autant de barrières à ce lâcher prise qui est une disposition intérieure à découvrir et non pas à contrôler. Métaphoriquement un tel atelier signifie que l'être est tout aussi important, voir plus, que le faire.






Les écrits de cet article sont la propriété intellectuelle

de sa créatrice, Muriel Launois et n'engagent qu'elle. (article datant de 2016)
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