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Des théories

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"Chacun sait ce qu’est une émotion, jusqu’à ce qu’on lui demande d’en donner une définition. A ce moment-là, il semble que plus personne ne sache."
(Fehr & Russell, 1984)

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Les émotions sont de plus en plus présentes dans les préoccupations sociétales et donc, dans les propositions de thérapies qui tentent de répondre à ces évolutions, devant parfois des modes. Cela pousse de plus en plus de coachs de développement personnel ou de thérapeutes à développer des groupes sur les émotions, autour des émotions, dans les émotions...De nombreuses théories et classifications se développent et des thérapies en sont issues. Il reste important de ne pas confondre thérapie et coaching, car dans le domaine du développement personnel, les émotions font aussi "recette".

Des questions peuvent alors fuser : Que faire de ces fameuses émotions? S'agit-il de les vivre, les exprimer, les canaliser, les réprimer, les intégrer, les élaborer, les gérer? La vague du "tout gestion" fait fureur et les émotions n'y échappent pas..La notion même de gestion entre dans un champ conceptuel cognitif et comportemental. Il est possible de surfer sur cette vague comportementale, à condition de ne pas en être dupe et de ne pas oublier que sous l'écume de la vague, demeurent des profondeurs parfois abyssales, qu'il convient de ne pas trop oublier...Faire un travail en surface ou en profondeur reviendra au choix du patient, en fonction des ses besoins, de ses capacités psychiques et intellectuelles, de sa demande, de son désir. Aux thérapeutes de savoir développer des outils holistiques ou de savoir passer la main à d'autres thérapeutes.

Mais avant de pouvoir proposer une thérapie centrée sur les émotions, il est important d’explorer un peu les définitions et les théories, anciennes et actuelles. De nombreux auteurs proposent de nombreuses théories et il est parfois bien difficile de s'y retrouver. Quelques questions semblent importantes à se poser. Les émotions sont-elles un état ou un processus? Sont-elles physiologiques ou psychologiques? Universelles ou pas? Les réponses à ces questions restent complexes mais valent le coup d'une "petite" méditation personnelle, pour tenter d'être un peu au clair avec sa propre vision des chose et savoir si vous être plus cognitif ou psycho-dynamique, universaliste ou nombriliste, Darwinnien ou Ekmanien....



État affectif ou processus?

Le mot d'émotion est issu du mot motion qui induit l'idée même de mouvement. "Emovere" en latin, signifie mettre en mouvement. Heuyer (1952), dans son introduction à la psychiatrie infantile, note qu'« émotion » comporte le radical radical « motion » et le préfixe « e », et souligne l'idée qu'il s'agit de se "mouvoir hors d’une position d’équilibre". L'émotion n'est donc pas un état affectif stable, (tel que le sont les sentiments) et induit des changements physiques visibles. Claudon et Wéber (2009) proposent eux, une vision particulière de l'émotion : "Plutôt qu’une définition unique d’une entité, on devrait proposer la notion de processus émotionnel qui est à la fois le plus complexe à approcher mais aussi naturellement le plus riche en explications psychologiques". Ces premières définitions introduisent d'emblée, la notion d'un processus dynamique et évolutif qui amène du déséquilibre et donc du mouvement.


Deux auteurs, Ricard et Cossette (1999) affirment qu’"il n’y a pas de définition qui fasse consensus en psychologie". Ils considèrent eux aussi, l'émotion comme un processus dynamique mais y ajoutent l'idée que cela se situe à 2 niveaux :

  • L'émotion organise le développement social, interactif et cognitif de l’enfant. Elle est donc un moment de vie du sujet intégrant tous les éléments qui le constituent. (perceptions sensori-motrices, accordages affectifs et relationnels, qulaités des autres personnes impliquées, effets de modifications sur soi et sur l'autre).
  • L'émotion est un mécanisme dynamique car une émotion peut en cacher ou en entrainer une autre et ceci à l'infini. L'identification et l'intégration de ce processus évolutif est pour l'enfant le chemin vers le vécu de ses émotions propres, et pour l'adulte, un chemin possible vers une conscience de soi.


Physiologique, cognitive ou psycho-affective?

L'émotion se situe sur un double versant physiologique ET psychologique. "l’émotion est un état de conscience complexe, généralement brusque et momentané, accompagné de signes physiologiques (par exemple : rougissement, sudation). Tous les signes corporels de l’émotion dépendent de l’activité du système sympathique ou parasympathique sous l’excitation des zones thalamiques, elle possède donc de profonds points de liaisons physiologiques. La sensation ou l’état affectif agréable ou désagréable est retenu par le sujet comme étant le marqueur de son état émotionnel mais aussi somatique." (Claudon et Wéber, 2009, dans devenir). Piéron (1951) parle de l’émotion comme d'"un processus biologique réactif à l’environnement et dont les effets psychologiques sont observables".

Pour les psychanalystes, l'angoisse est au c½ur de leur théorisation, une angoisse qui permet de comprendre les processus psychique plutôt du côté de la névrose. Pour Freud, « L’angoisse est tout d’abord quelque chose de ressenti. Nous l’appelons état affectif bien que nous ne sachions pas non plus ce qu’est un affect. […] nous apercevons dans l’angoisse des sensations corporelles plus précises, que nous rapportons à des organes déterminés. La physiologie de l’angoisse ne nous intéressant pas ici » (Freud, 1928, Inhibition, symptôme et angoisse). Freud semble donc avoir bien tenu compte des émotions et surtout des effets des processus émotionnels, mais dans la mesure où il était plus centré sur la vie affective du sujet, il s'intéressait plus aux liens avec "ce qui ne se voit pas, ne se dit pas et qui relie le sujet à ses pulsions et désirs". Freud, théorise donc surtout sur l'angoisse et pour lui, l'émotion n'est qu'une catégorie un peu trop généraliste. Il peut nous aider à nous poser la question la différence entre émotion et pulsion. L'émotion se situe plutôt du côté du comportement visible, tandis que la pulsion se situe du côté de l'inconscient. La pulsion se situe du côté de la poussée intérieure (pulsions, de vie, sexuelle et d'auto-conservation, pulsions de mort). L'émotion est du côté du ressenti, de l'éprouvé et du comportement potentiel. C'est un quelque chose de plus visible, de plus nommable et reconnaissable.

Mélanie Klein (développement de la psychanalyse, 1952) souligne que l'émotion, chez le bébé est « extrême et puissante ». Pour elle," la vie intérieure d’un bébé est tumultueuse et extrêmement dynamique". M Klein propose de caractériser une émotion qu'elle considère comme fondamentale par le terme de « voracité », montrant ainsi toute la force de cette énergie corporelle. Elle évoque la notion d"'envie du sein" chez le nourrisson (Envie et gratitude, 1957), qui vient comme prototype des envies ultérieures des adultes. Envie et voracité viennent donc donner du sens au déséquilibre qui survient parfois, entre la libido et l’agressivité, et peuvent engendrer des émotions du côté de la frustration, la colère, l'envie, etc...

Bion (1962,1963) travaille sur l'apport de l'émotion dans la capacité de penser. L'enfant, en vivant des moments émotionnels variés dans sa relation à la mère, va être poussé à développer des processus cognitifs simples (perceptions, représentations) et complexes (fonctions exécutives, planification, attention sélective). Il va également créer des liens entre ces processus cognitifs, pour analyser, comprendre, se souvenir des différentes situations. Pour cet auteur, l'émotion est le moyen d’une véritable connaissance de l’objet réel (mère pas toujours présente et répondante aux attentes) et de l’objet d’investissement pulsionnel (mère fantasmée comme bon objet donnant de façon illimitée). L'émotion qui peut naitre de la différence entre ces deux objets, devient donc le prototype de la possibilité de penser.

Golse (2006) place l'émotion du côté de l"’expression de soi voire de la narration des états de soi". Il la décrit « comme un processus qui comporte en lui-même une dimension de représentation et de communication ». L'émotion vient donc montrer quelque chose à l'extérieur qui était à l'intérieur. Cet auteur met en évidence que l'émotion vient mettre en relation des éléments et des espaces de natures différentes : "interne-externe, sujet-objet, sensation-perception, mouvement propre-mouvement de l’objet, microrythmes-macrorythmes". Cette vison de l'émotion en fait quelque chose qui se situe dans l'entre deux, lui conférant ainsi un statut de médiatrice entre deux.

Antonio Damasio nous indique que les émotions, au fondement même de notre culture humaine, font partie des cognitions car nul ne peut créer, avoir des comportements éthiques, prendre des décisions, raisonner, sans faire appel à ses émotions. Cet auteur cherche à comprendre comment les émotions naissent dans le corps et le cerveau. Le problème de la relation entre le corps et l’esprit fait l’objet de débats depuis bien longtemps et se poursuit encore, après que Descartes ait instauré une coupure entre le corps et l’esprit (Damasio Antonio, « L’erreur de Descartes», 1995).



Universelles ou personnelles?

Encore une fois, de nombreux auteurs nous proposent des visions très différentes concernant l'universalité ou non des émotions.

Descartes (1596-1650) énumère six «passions primitives» (l’admiration, l’amour, la haine, le désir, la joie et la tristesse). A partir de ces 6 passions dites primitives, il parle des 34 autres passions, qui naissent des combinaisons des six premières ou qui en découlent. Spinoza les a réuni (Damasio « Spinoza avait raison » 2003). Cet auteur a su voir comment Spinoza fournit les concepts et les perspectives nécessaires au progrès de notre connaissance de nous-mêmes.

Charles Darwin avait consacré un ouvrage aux émotions, "L'Expression des émotions chez l'homme et les animaux"(1872). Pour lui, l'expression et la perception des émotions sont innées, héréditaires et universelles. Il affirmait que la façon dont les visages expriment la rage, la peur ou le dégoût était semblable chez les espèces parentes, comme l'homme et le singe. Darwin soulignait ainsi que les hommes et même les animaux possédaient des expressions comprises par tous, expressions permettant d'exprimer certaines émotions de base, indispensables à la survie. Cette idée était la suite logique de sa théorie de l’évolution. Il avait mis aussi en évidence que les expressions faciales émotionnelles se forment grâce aux interactions avec l’environnement physique. Darwin souligne que les émotions sont adaptatives.

Paul Ekman, né le 15 février 1934, est un psychologue américain. Il fut l'un des pionniers dans l'étude des émotions dans leurs relations aux expressions faciales. Il a développé une théorie de détection des micro-expressions élaborée à partir d'études sur les sociétés primitives. Il a testé leurs réactions à diverses photographies et il en a conclu que les expressions du visage ne sont pas liées à la culture, mais seraient universelles et donc biologiquement déterminées. L’expression faciale est considérée par Ekman (1989) comme "le pivot de la communication entre les hommes". Il scrute depuis 50 ans les expressions faciales et les a cataloguées, répertoriant ainsi plus de 10 000 mimiques, issues des contractions des différents muscles du visage. La majorité des travaux menés par Ekman et ses collaborateurs ont cherché à démontrer l’universalité des expressions faciales émotionnelles. Ils notamment montré la bonne reconnaissance d’expressions faciales de type occidentales dans une culture de Nouvelle Guinée, ayant eu très peu de contacts avec le monde extérieur et sans culture écrite, donc excluant la possibilité que les personnes de cette culture aient appris à reconnaître les expressions d’autres populations (Ekman & Friesen, 1971). C'est lui qui a contribué à l'élaboration du film vice-versa, petit bijou sur les émotions fondamentales qui se complexifient avec l'âge...



Conception actuelle

Ce que nous pouvons donc retenir de toutes ces théories peut se présenter sous la forme de trois grandes idées fondatrices de la conception actuelle des émotions :

  • Il faut conserver l'’idée d’une émotivité propre à chaque personne malgré la réalité d’émotions primaires ontogénétiques, universelles.
  • L’émotion est à concevoir comme un ensemble physio-psychologique,donc comme un liant entre deux. La dimension psychologique intégrant cerveau (reconnaissance ds sensations et des perceptions) et inconscient (traces mnésiques perceptives toujours en lien avec notre histoire singulière qui colore notre fonctionnement intra-psychique).
  • Une émotion ne peut être interprétée que dans un contexte singulier (notamment social et relationnel), et ce, en fonction de nos schémas d'interactions sociales et de notre sentiment de sécurité de base.


Pour aller plus loin et retrouver les principales références de cet article: voir dans la revue Devenir (cairn info)






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